François Robin, MOF classe Fromager
Pour commencer rappelons nous, être meilleur ouvrier de France, qu'est-ce que c'est ?
La première remise officielle du titre de Meilleur Ouvrier de France a eu lieu en 1925 à la Sorbonne et 200 chefs-d'oeuvre furent exposés à cette première édition de l'exposition nationale du travail. Depuis 1938, cet évènement est organisé par le COET, le Comité d'Organisation des Expositions du Travail, un nouveau comité est désigné avant chaque édition.
Ce titre depuis 2011 est un diplôme d'état. Ce diplôme Un des Meilleurs Ouvriers de France est de niveau III et est délivré par le Ministère de l'Éducation Nationale.
Le programme se déroule sur deux ans et représente des heures et des heures de travaillent et d'implication pour les candidats et leurs familles. Le candidat doit être âgé de plus de 23ans. C'est une incroyable source de connaissance et de partage pour les participants qui peuvent échanger avec leurs pairs.
Nous connaissons les meilleurs ouvriers de France des domaines alimentaires, mais des centaines de métiers différents peuvent être représentés : charpentier, carreleur, dessinateur textile, décorateur sur porcelaine, joaillerie, photographie, luthier...
La classe fromager a été fondé en 2000 et voici nos meilleurs ouvriers de France :
-2000 : Hervé Mons, Laurent Dubois, Marie Quatrehomme, Christian Janier
-2004 : Michel Fouchereau Eric Lefebvre, Etienne Boissy, Josiane Deal, Jacque Dubouloz, Gérard Petit
-2007 : Laëtitia Gaborit, Rodolphe Le Meunier, Didier Lassagne, Cyrille Lorho, Xavier Thuret, Bernard Mure-Rayaud
-2011 : Pierre Gay, François Bourgon, Dominique Bouchait, François Robin
-2015 : Ludovic Bisot, Marc Janin
-2019 : Christelle Lorho, Vincent Vergne
Ces fromagers ont l'honneur de pouvoir arborer le fameux col bleu/blanc/rouge.
A présent découvrez notre échange avec François Robin, Meilleur ouvrier de France Fromager :
Qu'est-ce qui vous a donné envie d'être fromager ?
"Je me suis lancé dans le métier de fromager en 2007, il s'agissait d'une reconversion non pas que je n'étais plus à l'aise avec mon métier, mais je voulais me diriger vers un métier qui pour moi à du sens. En effet, mon papa était producteur fromager en Touraine "
L'évocation du métier, les odeurs, l'ambiance de production était pour lui une évidence.
Comment êtes-vous devenu fromager ?
"Après un bilan de compétences, j'ai intégré une école fromagère à Paris. Ma formation par alternance chez Juhlès dans le 11ème arrondissement de Paris, m'a permis d'acquérir les bases du métier de crémier fromager. En 2009 j'ai intégré la célèbre boutique Fauchon"
Afin de confronter son niveau, il participe, cette même année, au concours de la Lyre d'or, où il finit brillamment 2ème
Pourvoir avez-vous voulu devenir MOF ?
Pris au jeu des concours, après la Lyre d'or, se créait l'envie de participer à Un des Meilleurs Ouvriers de France Fromager, afin d'en apprendre encore plus sur le métier et de confronter son niveau, je cite "Est-ce que je suis à la hauteur de l'exigence du métier de crémier fromager ? Comment je me situe ? Je voulais me tester"
Quel âge aviez-vous ?
"38 ans, je me suis inscrit en 2010 et j'ai passé les épreuves de qualification au MIN de Rungis. Puis j'ai été qualifié pour accéder à la finale qui se passait en 2 temps :
Une 1ère épreuve au salon de l'agriculture
Une 2ème épreuve en Région à Clermont Ferrand.
Cette année là; il y a eu 4 lauréats."
La première étape est un mélange d'épreuve théorique et pratiques sur le savoir-faire professionnel (culture fromagère, technologie, fromagère, dégustation à l'aveugle, l'affinage et les conditions des caves d'affinage...)
La deuxième étape, est celle qui consiste à présenter une oeuvre, tant du point de vue esthétique qu'organoleptique, le jury note les gestes techniques, la vitesse d'exécution, le respect des traditions et les idées innovantes des candidats.
"Le jour du titre honorifique de "un des meilleurs ouvriers de France" reste le plus beau jour de ma vie professionnelle !"
Combien d'années à nécessité votre préparation ?
"2ans, avec un soutien familial sans failles et grâce à mon employeur, la maison fauchon qui m'a laissé du temps de préparation ça a été important. C'est une préparation qui demande beaucoup de travail. En fait c'est tous les jours que l'on se prépare, la part de fromage que l'on coupe au poids précis, le pliage du papier soigné, la connaissance des fromages, les arguments de vente que l'on accompagne du descriptif précis, à chaque instant dans ma tête on se prépare, c'est 2 ans de travail au quotidien ! Cela m'a apporté beaucoup de rigueur, de maîtrise "
Il tenait à rappeler que tous les participants lauréats ou pas, tous ont travaillé énormément, c'est du temps, de l'énergie et forcément un coût !
Que représentent pour vous les meilleurs ouvriers de France ?
"Le titre un des meilleurs ouvriers de France fromager, il faut le mériter, il faut que tu sois toujours au niveau, surtout que la médiatisation est plus importante maintenant (Émissions TV régulières...). Cela t'oblige à être toujours le "meilleur". Il y a également la dimension de la transmission des valeurs du métier. D'ailleurs une de nos missions principales est de transmettre notre savoir-faire".
Quelles portes vous a ouvertes ce titre ?
"Ca m'a fait gagner 10 ans ! Tout naturellement et parce que ça me plaisait je me suis lancé dans la formation professionnelle, le consulting (apporte son expertise au fromager le souhaitant)"
En plus, il participe à des événements et assure la promotion des fromages français à l'étranger. Un vrai Ambassadeur !
Quels conseils donneriez-vous à quelqu'un qui voudrait participer ?
"Beaucoup de boulot, une grande implication familiale, identifier ses points faibles, se faire aider et je lui dirais bravo quelle énergie, et on se reparle dans 2 ans"
Merci à François pour sa disponibilité, sa sincérité, sa simplicité et son dévouement pour notre profession de crémier fromager.