Sous ce produit connu de tous et particulièrement apprécié en été, se cache un passé tourmenté. 

Le fromage 

Commençons d'abord par nous rappeler ce qu'est la feta, le terme "fetta" en Italien signifie "Tranche", ce qui rappelle la forme du fromage. Il s'agit d'un fromage Grecs, fermenté, AOP, au lait de brebis (un ajout limité de lait de chèvre est possible). Il est chauffé puis emprésuré pour obtenir un caillé, que l'on va couper en petits morceaux pour en extraire le maximum d'eau. Une fois façonné en morceaux rectangulaires, il est disposé dans des tonneaux de bois dans lequel est ajouté la saumure, pour une maturation de 10 à 15 jours. 

En Grèce, la feta se retrouve dans tous les repas, il s'agit d'une institution nationale. Elle se cuisine froide ou chaude. 

Son histoire 

Son histoire est particulièrement marqué par des combats juridiques. 

En effet, il est bien connu de tous, aujourd'hui, que la Feta est un fromage Grec, mais ça n'a pas toujours été le cas. 

Les vagues de migration, on fait connaître la Feta aux pays d'Europe, d'Australie ou d'Amérique. C'est pourquoi au 20ème siècle, on trouve des productions de Feta un peu partout. Ces productions, vous vous en doutez, ne respectent aucunes des règles ou traditions Grecques. On trouve alors des Feta au lait de vache. 

La protection de ce fromage, de manière surprenante, ne commence pas en Grèce, mais bien au Danemark en 1984. Le pays est alors l'un des plus gros producteurs de Feta, cette procédure est le lancement de décennies de décisions juridiques et la première question qui va se poser alors est, la feta est-elle faite avec du lait de Vache (approuvé par les Pays d'Europe du Nord) ou du lait de Brebis et de Chèvre (Approuvé par la Grèce, Espagne, Italie, France Portugal). 

Dès juin 1996, la Grèce obtient la protection de la feta grâce à l'Appellation d'Origine Protégée. Mais en septembre, l'Allemagne, le Danemark et le France intentent un recours, en soutenant que le mot "feta" était une "dénomination générique" et correspond donc à une technique de production très courante d'un fromage fabriqué dans tous les pays balkaniques sous des appellations différentes. Ils ajoutent à leur défense que la Grèce tolère depuis longtemps la production de feta à partir de lait de vache dans d'autres pays et en permet l'importation. 

En 1999, la cour de justice des Communautés européennes, annule la protection de la dénomination "feta". Le fromage se retrouve donc radié du registre des produits AOP. 

Cette protection de la feta était pourtant primordiale pour la Grèce, en effet, la production de ce fromage représente 80% de la production totale des fromages de brebis et de chèvre qui constitue eux-mêmes 80% de la production de fromages du pays. Des milliers de foyers d'éleveurs reposent sur ce fromage. 

Par ailleurs, durant cette épopée juridique, l'élevage des chèvres et brebis connaissait l'une des pires crises, puisqu'en 1991, le pays libère le marché de taxation et ouvre donc ce secteur de production aux industries laitières grecque qui était jusqu'alors concentré sur le lait et le yaourt. 

Ce qui a eu pour conséquence d'augmenter la demande en lait, les sociétés étaient prêtes à payer de plus en plus chère le lait, pour pouvoir en obtenir. En deux ans, le prix de la feta avait triplé, ce qui laissa de la place sur le marché aux alternatives moins couteuse. 

Le fromage était moins vendu, mais pourtant plus produit en 1994, avec l'arrivée des industries laitières en tant que producteur. La feta est trop chère et moins consommée, on en importe alors plus pour avoir des produits moins chers, on se retrouve avec des falsifications locales. Tous ces éléments créer une accumulation de stocks de feta entre 35 000 et 40 000 tonnes. Ce qui a eu pour conséquence l'effondrement du prix de la feta, du lait de chèvre et de brebis et donc des milliers de foyers d'éleveur et de producteur désemparé. 

C'est pourquoi le pays avait besoin de protéger ce fromage. 

Et ce n'est qu'en 2002 que celle-ci est obtenue, à nouveau contestée par les Pays Européens, elle est cette fois validée par la Cour de justice européenne en 2005. Depuis lors, les fromages fermentés type feta ne peuvent plus se prénommé ainsi, s'ils ne respectent par le cahier des charges.